v.1 Les jours perdus -- v.2 De plus en plus étrange -- v.3 Dans le noir -- v.4 Maux d'esprits --

Emily souffre d'amnésie: elle n'arrive à se rappeler ni de son identité, ni de la manière dont elle a atterri à Blackrock, un petit patelin constitué de deux rues, de terrains vagues et d'une quinzaine de bâtiments beiges. N'ayant pour seules possessions qu'un carnet et un lance-pierre, l'adolescente trouve refuge au café El Dungeon, où elle propose à Raven, la mystérieuse tenancière des lieux, d'effectuer quelques tâches ménagères en échange de frugaux repas. Cette occupation est idéale afin de permettre à Emily de mener sa petite enquête. Chaque jour, elle peut ainsi scruter la foule bigarrée qui défile devant ses yeux à la recherche d'indices susceptibles d'éveiller ses souvenirs. Foule parmi laquelle se retrouvent notamment Jakey, un jeune garçon télépathe, ou encore les Ümlaut, une étrange troupe d'artistes menée par un certain Attikol, qui raffole d'un jeu de cartes appelé le Calamity Poker. Dès qu'elle a une minute, Emily mène également ses investigations dans les rues de la ville, talonnée par des chats qui l'ont immédiatement prise en amitié. De fausses pistes en théories toutes plus absurdes que les autres, la jeune amnésique poursuit une quête de vérité et d'identité. Quête qui la conduit sur les traces d'Emma LeStrande, la fondatrice de la ville qui est décédée une douzaine d'années plus tôt en laissant un héritage sur lequel nombre de personnes aimeraient mettre la main, mais dont le bénéficiaire légitime ne s'est pas encore présenté...

Un roman déjanté et atypique prenant la forme du journal intime de l'héroïne, cette adolescente de treize ans qui fut d'abord créée afin de promouvoir une ligne de vêtements et qui constitue depuis l'image par excellence de la culture underground. D'entrée de jeu, le lecteur est entraîné dans un univers absurde, gothique et complètement décalé qui est d'autant plus déstabilisant en raison de la narration décousue, qui s'avère à l'image même de l'amnésie dont souffre Emily. Cartes postales, lettres, croquis et images de synthèse égaient quant à eux la mise en page entièrement réalisée en noir et rouge qui renforce judicieusement l'atmosphère étrange et gothique du récit. Inventions, humanoïdes, roche noire liquide aux propriétés mystérieuses, supposition de personne et autres éléments hétéroclites sont amalgamés dans cette oeuvre qui comporte de nombreuses longueurs et que l'on réservera aux lecteurs désireux de se laisser prendre au jeu, ne craignant pas d'être déconcertés. [SDM]

J+ 3.

Emily the Strange, the lost days.